Chères amies et chers amis du site de Montautre,
Voici notre troisième mail d'information sur les éléments historiques culturels et patrimoniaux du site de Montautre, mais il s'agit de la première édition du "petit journal des amis de Montautre" car les deux premiers mails étaient des récapitulatifs des informations transmises à la DRAC. Avertissement : les informations contenues dans ce mail n'engage que leur auteur (vos corrections, rectifications ou compléments sont d'ailleurs bienvenus !). Il ne préjuge en rien des conclusions du dossier d'instruction du classement du site placé sous le pilotage de Claire Gravelat, de la DRAC, avec l'aide Maria Andrea Grecu, architecte du patrimoine et Christelle Belingard dendrochronologue. 1. Histoire contemporaine Nous avons reçu la visite de M et Mme Lazzarini, de la soeur de M. Lazzarini ainsi que de Mme di Angelo qui ont vécu sur le site (au Moulin et/ou à la Ferme) dans les années 1940 et 1950. Ils ont ainsi partagé leurs souvenirs et les différences constatées aujourd'hui dans l'aménagement du château et du site. Lors de leur visite, nous avons eu la chance de retomber sur une photo prise au Moulin à la fin des années 40/début des années 50, où elles se sont reconnues : Mlle Lazzarini et Mme di Angelo sont 4eme et 5eme debout en partant de la gauche, à côté de la dernière comtesse de Montautre (qui tient la louche) :
Leur visite a été l'occasion de mieux comprendre l'histoire contemporaine du château. Les principaux éléments de compréhension du château autour de 1950 sont les suivants :
- le salon actuel était divisé en deux pièces : un vestibule (portion du sol cimenté) rassemblant cors et trophées de chasse et un salon (portion du sol avec parquet) avec la cheminée. L'état actuel qui réunifie les deux pièces restitue son état probable du XVIIIème (cloison faite au XIXème ?)
- la chambre seigneuriale était divisée en un couloir et deux chambres, division faite au XVIIIème (d'après le parquet). L'état actuel restitue son état du XVIème (chambre seigneuriale avec cheminée XVème et fenêtre à meneaux et coussièges typique XVIème)
- la chapelle était entièrement peinte de fresques
- dans le bâtiment des gardes, la "salle des gardes" était utilisée en grenier à grains (car les tomettes absorbaient l'humidité) et la boulangerie avait été reconvertie en poulailler
- le jardin potager occupait tout l'espace entre les deux murets (ou se trouve aujourd'hui le potager recréé par Kitty et Adri et la piscine). Il y avait également des lapins
- le lavoir et la pêcherie étaient en activité
- le dernier "Comte de Montautre", Paul Dufour, ne souhaitait pas qu'on l'appelle "Comte"
Nous avons également eu le plaisir de recevoir Mme Monique Kempf qui avait accueilli Norma et Rini à leur arrivée sur le site en 2000 et avait aidé à la restauration du château. Elle nous a fait don d'une édition de l'ouvrage de Paul Drouault "La château de Montôtre et ses seigneurs" dédicacé par Paul Dufour, dernier comte de Montautre.
Nous avons enfin reçu Georges Meriguet, historien amateur spécialiste des fresques, qui nous a donné deux photos d'un portrait du dernier Abbé de Grandmont, ainsi que les copies de toutes les publications sur Montautre faites dans le bulletin de la société d'histoire et d'archéologie du Limousin. Il envisage de publier les photos des fresques de la chapelle dans son futur ouvrage consacré aux 100 fresques les plus marquantes de la Creuse, du XIIème au XXème (les nôtres sont datées de 1716).
2. Histoire archéologique et médiévale
Nous avons reçu Hélène Mousset, conservatrice régionale du service archéologie de Limoges. Nous avons sélectionné et hiérarchisé avec les elle les prélèvements que nous allons faire dans les poutres du château et du bâtiment des gardes pour analyse dendrochronologique (datation à l'année près !). Elle nous a aidé à consolider les principales hypothèses que nous faisons pour la datation des bâtiments par l'analyse des ouvertures (portes, fenêtres). Les ouvertures du bâtiment des gardes semblent du XVème, aussi bien les ouvertures extérieures avec grilles en fer forgé (photo ci-dessous), que les ouvertures intérieures avec les pierres à pans coupés - classiques du XVème - et les linteaux en accolade. Le château, lui, a davantage évolué, avec le donjon et certains éléments (cheminée seigneuriale) du XVème, de nouvelles ouvertures faites au XVIème (porte d'accès du donjon au château, fenêtres à meneau) puis au XVIIIème avec les portes et fenêtres vers le jardin. L'escalier aurait ainsi pu être installé dans le donjon au XVIème, supposant un fort remaniement du château à cette période, ce qui est cohérent avec notre connaissance de fortes sommes d'argent donnés par François Ier (395 livres en 1533) et Henri II (50 écus d'or en 1547), rois de France, au seigneur de Montautre pour le remercier de son action de "gentillhomme en charge de la vénérie et vaultrait du roi".
3. Nettoyage et fouilles
La bonne nouvelle a été l'identification de la nature de la poterie cassée en 14 morceaux qui avait été trouvée au sous-sol de la chapelle : après analyse par Hélène Mousset, il s'agirait d'un épi de faîture du XVIIème siècle, très utilisé à l'époque pour enjoliver les faîtures, probablement ici celle de la toiture du château. La reconstitution du "puzzle" est en cours.
Les autres travaux ont été le nettoyage du four à pain. Ce four à pain circulaire d'un diamètre d'environ 2,50 mètres qui impressionne tous les visiteurs par sa taille devrait dater de l'ancien régime, car, à cette époque, il y avait obligation à tous les citoyens du royaume à utiliser le moulin et le four du seigneur pour préparer leur pain. Ceci expliquerait son dimensionnement.
Sur le volet archéologique, Mme Mousset nous a promis de l'aide pour trouver un archéologue qui puisse piloter les fouilles du site dit "du temple de Mercure". La nouvelle importante de l'année est la confirmation de l'orientation est-ouest du temple, comme la totalité des temples de Mercure de Gaule (voir étude archéologique publié récemment sur le site Academia).
référence : "L'orientation des temples gallo-romains" par Paul Verdier https://www.academia.edu/keypass/Mm85Qk9jc2FxV2FGTlpkZ1h5dkVMQXJCQmNvMHllN1ZSV0M3YXRocFlxYz0tLWlkKzVDQVQ5Smkyb0FkZzZZTkwxT2c9PQ==--6c0951ed8ccb585b77739a698a4785b92e7bf119/t/in1HQ-NarrtBG-f6dSW/resource/work/39620445/LORIENTATION_DES_TEMPLES?email_work_card=thumbnail-desktop
Autre élément accréditant l'identification du temple, les vestiges sont situés sur le point le plus haut du site (357m), et il est bien connu que les temples de Mercure, dieux des commerçants et des voyageurs, étaient toujours situés sur des sommets locaux (notamment les deux plus connus que sont les temples de Mercure du sommet du Puy de Dôme en Auvergne et de Montmartre à Paris)
Pour mémoire, en complément du site présumé qui reste à fouiller, un certain nombre de vestiges du temple gallo romains auraient été réemployés dans le château : les 5 colonnes en granit monolithe de 2,40 m, la 5ème étant cassée et le chapiteau réemployé comme base de l'évier de la cuisine, la cuve en granit monolithe de 1m cube présente dans la boulangerie et réutilisée pour laver le linge, sa bassine d'évacuation en granit monolithe, le chapiteau-fronton de fenêtre du 1er étage du château en granit monolithe, un certain nombre de coffres funéraires en granit présents sur le site (toutefois un seul est à ce jour certifié gallo-romain par la DRAC (datation de la fin du IIème siècle), et la mystérieuse stèle anthropomorphe intégrée dans la façade ouest du donjon. Les fameuses "tuiles à rebord" typiques des constructions gallo-romaines encore abondantes sur le site au début du XXème siècle (cf. Roger Drouault : "le château de Montôtre et ses seigneurs", 1912) n'ont pas été repérées à ce jour.
C'est tout pour aujourd'hui ! Si vous souhaitez ne plus recevoir notre "petit journal des amis de Montautre", il n'y a aucun souci : indiquez-nous le par retour de mail. Inversement, vous pouvez le faire suivre aux personnes intéressées.
En attendant, merci à tous de votre fidélité, et au plaisir de vous revoir sur le site, magnifiquement entretenu par Kitty et Adri, qui ont pris la relève après l'action de sauvegarde et de réhabilitation de Norma et Rini
Amicalement
Catherine et Serge Lacaze
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